ART.ÉCRAN | NOTRE IMAGINAIRE COLLECTIF, I

ART.ÉCRAN | NOTRE IMAGINAIRE COLLECTIF, PREMIÈRE PARTIE

Sur l’écran vertical et l’écran horizontal de la Place de la création, des œuvres conçues dans le quartier se côtoient. De quelles manières sont-elles connectées au territoire qui les abritent? Que peuvent-elles nous dire sur notre identité et notre imaginaire? 

Cette programmation forme un territoire sensible capable de faire plusieurs fois le tour de la terre. Pourtant, elle vous semblera très familière. Par leur diversité de moyens, de médiums, de genres et de sujets, ces œuvres vous donneront l’impression de vagabonder dans notre quartier et de rencontrer la magnifique variété d’êtres humains qu’on peut y croiser.

Le mot de la commissaire

Si je prends plaisir à faire de la programmation, c’est que je me demande constamment qui sont ces inconnus avec qui je partage ma ville. Je suis curieuse de savoir ce qui les intéresse, ce qu’ils trouvent important de montrer. Habitant depuis peu le Centre-Sud, baptisé en mai les Faubourgs, je suis enthousiaste à l’idée de rencontrer mon nouveau quartier par l’entremise du cinéma. 

Je commence par quelques recherches pouvant m'aiguiller sur son identité. Si un quartier se définissait par sa majorité, nous sommes un adulte francophone de moins de 50 ans. Nous détenons des études universitaires, gagnons 50 000$ par année et vivons seuls dans un appartement locatif. Mais la personnalité d’un quartier réside surtout dans ces particularités; dans ses communautés culturelles majoritairement françaises, chinoises et iraniennes; ses 3000 personnes issues des premières nations; ses 13 000 familles monoparentales; ses 22 000 assistés sociaux; ses 66 000 personnes vivant sous le seuil de la pauvreté et dont 7 700 faisant partie de la population vieillissante. 

Dans notre quartier densément peuplé, c’est sur les trottoirs, dans les parcs et les espaces publics comme la Place de la création que ces différents mondes se croisent et interagissent. C’est dans cette optique que je lance l’appel à projets sous le nom de DIALOGUE DE QUARTIER. J’ai l’objectif de présenter à mes voisins la grande variété de cinéastes et de sujets qu’abrite le quadrilatère. Saviez-vous que de nombreux réalisateurs, producteurs et diffuseurs travaillent dans les édifices du Chat des artistes et du Grover? Et n’oublions pas les centres d’artistes Main film et PRIM ou se fabrique et se consolide une grande partie du cinéma d’auteur de Montréal.

Cherchant à faire de la sélection des œuvres un lieu de rencontre, j’organise avec l’aide de la coordinatrice de la Place de la création, Sarah Hage, un comité de visionnement composé de Zahin Kabir, Sindy Majeau et Adrien Guillet. Ils représentent chacun trois piliers importants de la rue Parthenais, soit l’École des métiers des Faubourgs de Montréal, la Virée des ateliers et les Voies culturelles des Faubourgs.  Nous organisons une rencontre de groupe qui me permet de découvrir et de m’enrichir de leur sensibilité. Suite à quoi je décide de rebaptiser la programmation NOTRE IMAGINAIRE COLLECTIF. Un terme que j’emprunte à l’écrivain Yuval Noah Harari et qui me semble tout à fait approprié devant le processus que nous venons de vivre.

- Marie-Noëlle Moreau Robidas

Bossburg - Roberto Santaguida

L’intérêt du film m’aurait échappé si ce n’était d’une des membres de notre comité. Elle a su me rappeler comment le processus d’une œuvre peut-être très importante. Si Roberto Santaguida signe ce film, c’est en tant qu’intervenant auprès d’une clientèle vulnérable. Il faut lire le film comme d'un dialogue circulaire et sans jugement. Parce qu’il m’est important de rendre cette expérience disponible aux spectateurs, il me vient l’idée d’inclure sous chacune des œuvres une bannière descriptive. Cette initiative s'est avérée une merveilleuse opportunité de s’assurer que les utilisateurs de la Place de la création intrigués par une œuvre puissent à tout moment en savoir plus.  

Queen Ignis  - Cécile Demers

Cette performance filmée nous rappelle que la Place de la création se métamorphose une fois la nuit tombée. L’emplacement de l’écran me donne l’envie d’étirer le cou pour regarder derrière et peut-être voir la danseuse apparaître en chair et en os. 

Wholeness - Chanel Cheiban

Accompagnée par une troupe récurrente, cette danseuse et chorégraphe d’origine libanaise réfléchit la communion des corps et de la nature dans des mises en scène qui rappellent la magie blanche. Le comité de sélection apprécie la pureté que dégagent ses images. Pour ma part, je trouve intéressant de faire coexister l’imaginaire obscure de Queen Ignis à l’atmosphère idyllique de la troupe de jeunes danseurs.

En attendant lolo - Jules Ronfard

Jouant lui-même le rôle masculin, le cinéaste ne veut pas être reconnu. La contrainte le pousse à masquer les visages de ces personnages et à sous-titrer ses dialogues de façon à ce qu’ils fassent partie intégrante de la proposition de son film. Une aventure tout à fait appropriée pour nos écrans silencieux.

La Vie en Clay - Rachel Knechtel

Étant moi-même cinéaste d’animation, il m’est important de ne pas influencer les membres du comité lorsque vient le temps d’analyser ce médium. J’ai été surprise de voir comment cette œuvre de peu de moyens a fait du bien au comité. Ils l’ont tous trouvé à la fois rafraîchissant, universel et cohérent.

Vole, vole tristesse - Miryam Charles

Myriam Charles est une réalisatrice talentueuse qui  donne plusieurs ateliers chez Mainfilm. Son univers cinématographique est composé d'images mystérieuses et magiques ayant comme centre l'identité. Sa narration vous raconte l’histoire du soulèvement d’un peuple d’une façon imagée.

Mosaïque ÆN SOI 1à 10 - Hall Makwanda

Hall Makwanda, c’est d’abord une histoire d’amour. C’est l’imaginaire créatif de Julie Hall et de Matisse Makwanda en action. Traçant leur chemin sur la fine ligne délimitant l’entrepreneuriat et l’art, c’est à eux que l’on doit l’élégant logo de la Place de la création et la première édition d’Art.Écran. Il est très facile de se perdre dans la contemplation de leur esthétique lumineuse et leurs mémos invitant à la spiritualité. 

Monsieur Jean-Claude - Guillaume Vallée

Guillaume Vallée  s’implique chez Main Film et Vidéographe. Dans Monsieur Jean-Claude, le vidéaste explore l’imaginaire des films de série B en éternisant le coup de pied suspendu de Jean Luc Vandame. L'œuvre a polarisé notre comité de visionnement. Son aspect stroboscopique a fait serrer des dents ou enfin satisfait l’appétit. Dans la programmation, l'œuvre agit comme un élément de surprise et de virilité.

Les ruelles de Sainte-Marie - Lee Pepper

Ce film maison semble avoir été fabriqué spécialement pour Art.écran. Si les membres du comité ont été moins sensibles à l'œuvre, c’est à mon tour de leur parler de ma sensibilité. Le film me rappelle que nous cartographions nos habitudes en empruntant toujours les mêmes chemins.

Red dress - Noncedo Khumalo

Cette jeune cinéaste d’animation développe un univers plastique étrange et mystérieux que l’on devine inspiré de l’afrofuturisme, mais qui est à la fois très authentique et personnel. Dans ce film, une femme est dans une cage quand une voix lui chuchote de s’échapper. Mais soumis au silence par les écrans de la Place de la création, qui viendra l'inspirer? Les voix des spectateurs, évidemment!

Avec le temps - Mark Morgenstern

Le comité apprécie la beauté de ces images familières. Pour ma part, c’est son titre anglais Before I go que je traduis librement Avant que je parte qui me touche. Dans ce film atmosphérique, la caméra se fixe sur différents détails d’un monde appartenant déjà au passé. Il me fait penser à tous ces amis immigrants qui ont quitter le Québec et dit adieu à une importante partie de leur vie.

Parc à chats - Rachel Samson

Ce film qui s’amuse à imaginer à quoi ressemblerait un parc destiné au chat, fait un magnifique clin d'œil au parc à chien du parc des Royaux.

Thalassic - Stéphanie Lamontagne

Il me semblait intéressant de l’inclure au lot de la programmation ce vidéo-clip bien que l’on ne puisse en apprécier la musique. Il nous rappelle comment les Faubourgs abrite de nombreux spectacles multidisciplinaires mélangeant danse, théâtre et musique.

Restez a l’affut pour un retour sur la Phase 2!

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